A Lourdes, les gitans en ont

"marre" d'être stigmatisés



Lourdes est l'un des plus grands pèlerinages annuels pour les gitans. Sur place, ils expliquent ces préjugés habituels et injustifiés qu'ils ressentent chaque année dans l'inquiétude des fidèles et commerçants de la ville.


 

Plusieurs commerçants du centre disent craindre les bagarres. Malgré la haute saison, certains vont jusqu'à fermer leur établissement pendant quelques jours. Ainsi pour rassurer la population et les commerçants, deux compagnies de CRS, soit environ 150 hommes, ont été envoyées en renfort par la préfecture des Hautes-Pyrénées, qui attend de 8.000 à 10.000 gitans, tsiganes, manouches, yeniches, forains ou Roms.

Mais pour le frère Daniel Elzière, aumônier national des gitans et des gens du voyage, « le cliché du voleur de poule » dont la communauté n'arrive pas à se défaire, est déplorable. « Partout où ils passent, ils sont mal perçus. Les gens ne les connaissent pas, ils en ont peur », explique le religieux, qui porte autour du cou une croix de bois ornée d'une roue, symbole des tsiganes catholiques.

Un peu plus loin, Firmin Baptiste, 66 ans, a garé son camion et sa caravane à l'ombre des peupliers. Depuis la fin de la semaine dernière, un millier de caravanes de gitans sont arrivées à Lourdes et ont été orientées vers plusieurs campements provisoires.
 

« La Vierge, c'est notre guide »

Cet homme au visage burriné et barré d'une moustache blanche a garé son camion et sa caravane à l'ombre des peupliers au terrain Abadie qui accueille plus de 600 caravanes, à quelques centaines de mètres de la grotte miraculeuse des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous. « Il faut qu'on vienne chaque année, c'est plus fort que nous, dit-il. La Vierge, c'est notre guide ». 

Lourdes est aussi le lieu de retrouvailles de familles éparpillées dans le pays, comme aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches du Rhône), l'autre grand pèlerinage des gitans catholiques. Moïse Inderchit, 39 ans, père de six enfants, arbore un tatouage du Christ sur une de ses épaules de déménageur et exprime également sa foi : « La Vierge Marie fait partie de notre vie ». Mais il ne supporte pas que sa communauté soit stigmatisée. « Dès qu'ils voient des gitans, ils voient des voleurs, nous sommes jugés avant d'arriver », se plaint-il. En revanche, il remercie surtout la mairie de Lourdes pour « le très bel accueil ».
 

« Je n'ai pas à me plaindre d'eux »

Soucieux de préserver la tranquillité de la cité mariale, la mairie gère le dossier en appliquant sa recette : « Respect, dialogue et organisation ».

Il explique aussi que le pèlerinage s'organise plusieurs mois à l'avance, dans la concertation avant d'ironiser sur ce qui est en train de se passer au même-moment dans le chef-lieu de la région Aquitaine, où des gens du voyage réclament une aire « décente ». « A Bordeaux, 250 caravanes, c'est un énorme problème. Ici, 1.000 caravanes, c'est un épiphénomène », dit le maire UMP, Jean-Pierre Artiganave pour certainement dédramatiser ce qui se passe au sein de sa ville.  

L'arrivée de milliers de gens du voyage dans la cité catholique réjouit aussi certains commerçants. « Moi, ajoute un patron d'un restaurant situé sur les hauteurs de Lourdes, je n'ai pas à me plaindre d'eux, ils nous font travailler et paient rubis sur l'ongle ».
 

 



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