Un gendarme abat un fugitif à Draguignan

Publié le dimanche 25 mai 2008 à 01h00


                                          Joseph Guerdner, 26 ans, était père de trois enfants.



Alors qu'il se trouvait en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie à Draguignan, dans le cadre d'une affaire de vol à main armée, un jeune père de famille a été tué, vendredi soir, par un gendarme au cours d'une tentative d'évasion.


Atteint de trois balles, Joseph « José » Guerdner, 26 ans, installé dans un camp de gens du voyage à Brignoles avec sa compagne et ses trois enfants, est décédé à 22 h 30 en dépit de l'intervention des pompiers et du SAMU.

Le procureur de la République au TGI de Draguignan, Christian Girard, a annoncé hier qu'il envisageait d'ouvrir une information judiciaire pour homicide volontaire. L'inspection technique de la gendarmerie a aussitôt été saisie. La question essentielle qui se pose est celle des conditions de l'ouverture du feu par le gendarme.

Suspecté de vol à main armée

Soupçonné d'avoir participé au braquage d'un semi-remorque le 21 avril au Luc, José Guerdner avait été interpellé « en douceur » jeudi dernier, dans les locaux de la gendarmerie de Brignoles. A la suite de précédents démêlés, il se trouvait en effet sous contrôle judiciaire, avec obligation de pointer régulièrement. Lors de la fouille de son véhicule, les gendarmes ont saisi un pistolet de calibre 11.43 approvisionné et armé.

Transféré aussitôt à la compagnie de gendarmerie de Draguignan, il se trouvait avant-hier soir en prolongation de garde à vue, entendu par les enquêteurs de la section de recherche de Marseille.

Un saut de 4,60 m par une fenêtre

Vers 21 h 40, les entraves que portait José Guerdner aux chevilles avaient été détachées, pour lui permettre de se détendre quelques instants en fumant une cigarette dans un escalier, devant une fenêtre sur le palier, entre le premier et le deuxième étage.

Il avait cependant les deux mains menottées par-devant ainsi qu'aux pieds, et se trouvait sous la surveillance d'un OPJ de la brigade de recherche de Draguignan.

Dans l'escalier, la minuterie s'est éteinte. « A ce moment-là, le gendarme s'est senti en situation de danger et d'infériorité dans l'obscurité, expliquait hier le procureur de la République. Il s'est reculé pour remonter quelques marches et réenclencher la minuterie. En se retournant, le suspect s'est rendu compte qu'il se trouvait à distance du gendarme. Il a pris appui sur le rebord de la fenêtre ouverte dans l'escalier et a sauté dans le vide. »

Sept balles tirées, trois impacts sur la victime

Un saut de 4,60 m, grâce auquel il s'est retrouvé dans la cour, devant l'un des bâtiments d'habitation des familles des gendarmes. Le maréchal des logis-chef qui l'escortait a alors ouvert le feu à sept reprises par la fenêtre. Trois balles ont touché le fugitif, dont une transfixiante, entrée dans le dos et ressortie à droite de la poitrine. n

n José Guerdner a cependant continué à avancer, longeant un bâtiment et réussissant à franchir la clôture d'enceinte de la gendarmerie, hors de la vue du gendarme, pour se réfugier dans l'obscurité du parc d'une école privée voisine.

Les gendarmes l'ont cherché en vain de longues minutes, jusqu'à ce que l'un d'eux, intrigué par un bruit, ne le découvre, gisant en sang au pied d'un arbre où il avait sans doute grimpé. Une enquêtrice de la SR de Marseille a placé en position de sécurité le blessé, qui saignait abondamment et demandait de l'aide. A l'arrivée les pompiers, des manoeuvres de réanimation ont été tentées, mais le médecin du SAMU n'a pu que constater le décès.

Le gendarme en garde à vue

L'enquête de flagrance a été réalisée dès vendredi soir et jusqu'à 3 heures du matin par les techniciens d'identification criminelle. Toutes les munitions tirées ont été retrouvées.

Le médecin légiste a fait ses constatations à la levée du corps. Il a noté que le fuyard avait réussi à se libérer de l'un des bracelets de ses menottes, au prix de sérieuses blessures, s'arrachant à moitié un pouce.

Mais aucun témoignage n'a pu être recueilli, la victime et le gendarme étant seuls dans l'escalier au moment des faits.

Le gendarme a été aussitôt placé en garde à vue. Les enquêteurs de l'inspection de la gendarmerie à Arcueil ont été immédiatement requis par le procureur. Ils étaient à pied d'oeu-vre, hier ma-tin dès 9 h, pour entendre l'OPJ. Il ne semble pas que celui-ci se trouvait dans une situation de légitime défense.

Dans une conférence de presse hier après-midi au palais de justice, le procureur de la République, le préfet Jacques Laisné et le général Georges Chariglione, commandant la région de gendarmerie PACA, ont témoigné de la sensibilité de tous les services de l'Etat à ce drame. « Nous avons la volonté d'agir dans la transparence la plus complète et avec la plus grande objectivité », a déclaré le général Chariglione.
 

 
 



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