Royan : les riverains disent "non" aux gens du voyage sédentarisés




Les « villages » grondent. À Châtelard, à Chantemerle, aux Espies, à la Perche, les habitants de ces quartiers résidentiels du nord-est de la ville ourdissent une fronde qui pourrait bientôt faire trembler les fenêtres du bureau du député-maire, Didier Quentin. Le 23 juillet dernier, le conseil municipal a entériné une modification du plan local d'urbanisme (PLU), fixant pour nouvel objectif, entre autres, la création de terrains familiaux, destinés à des familles des gens du voyage sédentarisées. C'est moins le principe même, disent-ils, que les sites retenus pour aménager ces terrains que leurs riverains contestent. Doux euphémisme.

Jean-Marie Leboutet et ses voisins immédiats de la rue des Châtaigniers sont catégoriques : « Nous ne voulons pas que de tels terrains soient aménagés à côté de chez nous. » Son voisin, Nicolas Péraux, précise sa pensée : « Ce n'est pas qu'on rejette les gens du voyage ou qu'on soit contre le projet, mais nous vivons dans un quartier avec de belles maisons, un quartier tranquille, propre. Nous ne voulons pas qu'il devienne comme l'aire de La Puisade. »

« Réactions excessives »

La « verrue » de La Puisade, comme la définit régulièrement Didier Quentin, fait planer son aura sulfureuse jusqu'aux « villages » du nord-est. C'est aux familles sédentarisées qui sont installées depuis des années sur ce qui devait n'être qu'une aire de passage que la municipalité entend prioritairement proposer ces terrains familiaux (1). Des familles qui « vivent au crochet de la société et ne cherchent pas à s'intégrer », estime Véronique Portocarrero.

La virulence des propos et des jugements n'étonne même plus Maxime Pétric, le président de l'association pour la promotion des gens du voyage (APGV) du Pays royannais. « De toute façon, les réactions ont toujours été excessives à notre égard. Les riverains ont toujours des craintes. La méconnaissance nourrit la haine. Et le maire, Didier Quentin, n'a pas arrangé cela en tenant récemment des propos scandaleux sur les gens du voyage. Des propos qui contribuent à entretenir la peur. Or, les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas. »

« Pas de concertation »

Sous peu, l'« association de défense du cadre de vie des villages de Royan » verra le jour. Jean-Marie Leboutet en prendra la présidence, Véronique Portocarrero assurera la trésorerie. La fronde se structure. Avant même la constitution de cette association, des habitants des quartiers où sont pressenties les implantations de familles sédentarisées ont battu le pavé, frappé aux portes, fait signer à déjà plusieurs centaines d'habitants une pétition demandant purement et simplement à la municipalité d'« annuler cette décision prise de manière unilatérale et autoritaire », les instigateurs de ladite pétition déplorant de n'avoir « pas été concertés » en amont du choix des sites.

Jean-Marie Leboutet, Véronique Portocarrero, Nicolas Péraux, les signataires de la pétition aussi, sans doute, assurent, comme le formule Jean-Marie Leboutet, qu'ils n'ont « rien contre ces gens-là ». Mais la crainte de possibles désordres, la crainte que le calme du quartier soit affecté par ce nouveau voisinage qui « va tout salir, tout pourrir » les conduit, aujourd'hui, à réclamer « que le projet soit réexaminé ». « Nous voulons bien aider la mairie à trouver des solutions, donner notre avis, mais on ne peut pas accepter de laisser ces gens-là s'installer si près de nos maisons », martèle Jean-Marie Leboutet.

(1) Selon le règlement fixé par le PLU, chaque terrain, d'une superficie de 200 mètres carrés, sera dédié à une famille, qui pourra y installer deux caravanes maximum et disposera d'un bâtiment en dur de 35 mètres carrés, avec pièce de vie commune et pièce d'eau.

 



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