Agression de voyageurs avec des engins agricoles : la responsabilité des élus engagée


Au moment où le tracteur a tenter de le le renverser, une mére de famille et deux enfants se trouvaient dans ce véhicule




Le 23 juillet dernier, au moins deux tracteurs ont foncé sur une mission évangélique s’installant, sur un pré à Dambach-la ville (Bas-Rhin). Bilan trois blessés légers, plusieurs véhicules endommagés des enfants traumatisés. L’un des agresseurs se trouve sous le coup d’une accusation pour tentative de meurtre avec préméditation. Cet agriculteur paiera-t-il le prix du manque de terrains de grands passages ?


 

« Les faits sont clairement établis. Pendant l’installation de cette petite mission évangélique, dans un pré, des tracteurs ont foncé sur le groupe. Il y a eu une bousculade, les voyageurs ont dû eux même appeler les gendarmes », témoigne Jean-Michel Trévisan, médiateur de la préfecture du Bas-Rhin. Après avoir été accueillis pendant 15 jours à Epfig, seule commune à proposer l’accueil, la mission animée par le pasteur Kauffmann, a rejoint un champ situé à quelques kilomètres. « Nous avions séjourné sur ce terrain l’année dernière en négociant un accord avec le propriétaire », explique le pasteur Kauffmann. « La discussion avait été difficile, mais tout s’était bien passé, aussi nous n’imaginions pas nous trouver dans un conflit », ajoute t-il.

Scènes de panique

Alors que le convoi s’installait, le locataire du champ qui n’avait pas participé à l’accord de l’année précédente, a creusé une tranchée sur le chemin d’accès afin de scinder le groupe en deux. « Nous avons voulu parlementer, mais il nous menaçait tout en appelant ses copains. Quand d’autres tracteurs sont arrivés, il a foncé sur les gens et les campings avec visiblement l’intention de blesser ou de tuer », raconte le responsable de la mission. « Je n’ai eu que le temps d’attraper mes enfants et de sauter du fourgon. Il voyait qu’il y avait des gens à l’intérieur. Après avoir percuté le véhicule il nous a poursuivis ». témoigne une mère de famille encore sous le choc 24 heures après les faits. Pour les voyageurs, il est impossible que l’homme au tracteur n’ait pas vu qu’il déversait de la terre sur une voiture dans laquelle se trouvait une personne âgée. Avait-il l’intention de tuer lorsqu’il a reculé en visant un homme tombé à terre ?  Les gendarmes, ayant ouvert une enquête suite au dépôt d’une plainte pour tentative de meurtre avec préméditation ont, confié à la presse locale que l’individu minimisait les faits et se disait victime d’une bagarre. Sans doute doit-il être reconnaissant aux pasteurs de leurs efforts pour éviter l’irréparable. L’association Action grand passage a publié un communiqué dénonçant la violence et appelant au respect de la loi (lisez le communiqué Communiqué AGP.

Les élus accusés de jouer avec le feu

Les violences de Dambach-la-ville traduisent l’inefficacité de pratiques contraignant voyageurs et agriculteurs à se débrouiller dans un contexte juridique complexe. « Les terrains de grands passages n’existent pas. Nous sommes obligés de bricoler en cherchant au cas par cas des accords avec des maires, souvent très opposés ou des propriétaires privés », explique le médiateur, qui dans le Bas-Rhin, ne dispose pas de pouvoir de réquisitionner des terrains. Son travail est rendu encore plus complexe du fait de la méfiance des responsables de groupes. Craignant de mauvaises surprises, ceux-ci ne l’informent pas toujours de leurs destinations. « La plupart des communes louent leurs terrains à des agriculteurs, ce qui ne laisse pas beaucoup de place aux voyageurs qui préfèrent éviter les stades », précise t-il. Du côté des agriculteurs, les pratiques de bonne entente qui permettaient à certains de gagner sur tous les tableaux sont de plus en plus difficiles à mettre en œuvre. Le renforcement des contrôles sur les subventions qui ne s’appliquent pas sur les champs ayant reçu des caravanes rendent plus difficile des accords préalables. Pour bénéficier à la fois des 800 € versés par la plupart des groupes, des indemnisations versées par certaines communautés de communes et aussi par les assurances, l’exploitant doit pouvoir jouer vis-à-vis des élus et des assureurs, le rôle de celui qui est mis devant le fait accomplit. Les conditions climatiques aggravent encore les réticences des agriculteurs. « Ce ne sont pas les billets des gitans qui vont nourrir mes bêtes », confie un exploitant qui après avoir connu une mauvaise récolte l’année dernière, mise sur le regain pour refaire ses stocks hivernaux. Dans ce contexte, les refus systématiques opposés par la majorité des maires et des présidents d’intercommunalités aggravent les tensions entre agriculteurs et voyageurs. « Les paysans sont mécontents de leurs maires qui ne sont pas fichus de trouver des solutions. Mais ce sont eux qui les ont élus. Nous, on ne vote pas dans ces communes », remarque un pasteur.

Les terrains de grands passages verront-ils le jour ?

Le schéma départemental révisé pour la période 2012-2018, prévoit l’ouverture de 3 terrains de grands passages alors que le département compte jusqu’à 7 groupes en même temps. Leur réalisation reste en grande partie soumise à l’obtention d’aides de l’Etat qui n’existent plus dans le budget 2012. (Lisez : les maires devront trouver leurs financements http://www.depechestsiganes.fr/?p=2034 ). Consultez aussi le schéma révisé du Bas-Rhin : Projet de sch-ma version 091120



 



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