Lesparre-Médoc
Le schéma départemental d'accueil des gens du voyage est un schéma qui peine à se mettre en place. C'est le moins que l'on puisse dire. En 2011, le bilan de l'application des équipements prescrits dès 2003 par l'État sur le secteur du Médoc en disait long sur la réelle volonté des élus de se mettre à la page. Au total, huit ans après son lancement, on ne recensait que 27 % des places réalisées…
Le bon élève de la classe était la Communauté de communes Médullienne. Yves Lecaudey, son président, avait sans doute compris qu'il n'y aurait pas d'échappatoire possible sur le long terme. Aujourd'hui, si les CdC Cœur du Médoc, Centre-Médoc et Médoc Estuaire travaillent à rattraper le retard, sur le terrain, d'une saison à l'autre, le mécontentement gronde. Rien n'est simple dans ce dossier.
200 caravanes à St-Laurent
« Après quatorze jours, ils sont partis dimanche. On avait 200 caravanes. Au total, cela représentait environ 1 000 personnes. On n'avait jamais eu autant de monde les années passées. » Jean-Marie Féron, le maire de Saint-Laurent-Médoc, ne décolère pas. Il évalue à 10 000 euros les dégâts et les problèmes logistiques posés par cette arrivée massive de caravanes sur sa commune. Une mission évangélique qui serait aujourd'hui repartie en direction de la CUB, et peut-être aussi vers Angoulême.
Sur la Communauté de communes Centre-Médoc, une aire pouvant recevoir 16 caravanes est prévue sur un terrain situé entre Saint-Laurent-Médoc et Pauillac. Sur ce dossier, Jean-Marie Féron, qui dit avoir apporté la parcelle « sur un plateau » à la CdC Centre-Médoc, regrette « que le chantier n'avance pas », mais tout en reconnaissant aussi que cet équipement ne réglera pas tous les problèmes.
Lesparre loue un terrain
À Lesparre, la Communauté de communes Cœur du Médoc a loué un terrain de 28 565 mètres carrés pour éviter que des caravanes ne s'installent sur l'hippodrome de la ville. L'année dernière, les riverains sont montés au créneau. La municipalité et la CdC n'ont pas eu d'autre choix que de trouver cette solution transitoire. Dans les prochains mois, l'achat d'un terrain devrait permettre d'installer une aire de grand passage. Soit 120 caravanes. Ce qui est prévu dans le schéma départemental révisé en 2011.
Travailleurs dans les vignes
À Saint-Yzans-de -Médoc, six ou sept caravanes viennent de s'installer sur une aire de jeu située à l'entrée du village. C'est le service social de la CdC Cœur du Médoc qui a négocié avec la commune. Le maire a donné son accord.
Au pied de sa caravane, Christelle explique qu'elle est venue avec son mari pour la saison des vendanges. « Tous les ans, nous venons dans le Médoc. On commence par les vendanges vertes. L'année dernière, nous étions à l'hippodrome de Lesparre. Cette année, ce n'était pas possible. Cela devient de plus en plus compliqué de trouver du stationnement. Dans les châteaux, ils ne veulent pas nous loger. Dans les campings, c'est impossible. Et dans beaucoup de communes on ne veut pas davantage nous voir. »
Dans une autre caravane, Alfredo et sa petite famille font le même constat. Ils dénoncent le manque de places et ces aires d'accueil qui ne sortent jamais de terre.
La position des châteaux
Du côté des châteaux, qui emploient des travailleurs saisonniers dans la communauté des gens du voyage, la gêne est perceptible.
Au château Tour des Termes à Saint-Estèphe, Bernadette Anney reconnaît qu'il y a un problème. « Cette année, nous sommes passés par une société de prestation de services. C'est eux qui gèrent le personnel. Sur le logement des gens du voyage, ce n'est pas simple. Nous ne sommes pas contre une solution à la propriété, mais cela pose des soucis de sécurité pour les enfants et des difficultés logistiques. Nous ne sommes pas équipés pour. Toutefois, si une réunion devait être organisée sur la question, j'accepterais d'y participer », dit-elle.
À Saint-Yzans-du-Médoc, justement, Segundo Cimbron, le maire, annonce qu'il compte bien aborder ce problème en réunion de Communauté de communes. Outre la problématique de l'accueil des missions évangéliques, celle des travailleurs saisonniers mérite certainement une vraie réflexion de fond.
